14.2.08

Le banditisme des mutuelles françaises

Le mutualisme est à l'origine une belle et grande idée. On pourrait dire que c'est le seul rejeton du socialisme qui ait prospéré, la raison en étant son caractère volontaire. Il est en effet - en principe - fondé sur le consentement, ce qui le rattache au libéralisme. Le fait qu'il ne soit pas animé par la recherche du profit - toujours en principe - en fait une institution libérale non capitaliste.

Hélas l'idée mutualiste a été pervertie par la politique et l'étatisme. Une bonne part du chiffre d'affaires des mutuelles découle de versements obligatoires. La plupart pratiquent donc une extorsion de fonds légale. Telle catégorie professionnelle a souvent "sa" mutuelle obligatoire (en toute illégalité par rapport aux directives européennes retranscrites en droit français). Comme de plus la responsabilité y est extrêmement diluée (faute de propriétaire bien défini), le butin collecté alimente toutes sortes de circuits de "redistribution" bien éloignés de l'idée mutualiste.

On se souvient du scandale de la MNEF, pompe à phynances de la gauche. Actuellement, c'est la Caisse des intermittents du spectacle qui est sous les feux de la rampe, après un rapport incendiaire de la Cour des comptes (voir l'article "L'incroyable dérive de la Caisse des intermittents du spectacle" dans le numéro de Capital de février 2008). Elle a la mission bizarre de verser les congés payés à ses adhérents. Elle taxe indûment de nombreuses entreprises, verse ses prestations quand elle a le temps, mais n'oublie pas de financer en douce plusieurs syndicats tout en faisant vivre grassement ses propres "responsables". Bref, c'est à petite échelle ce que la SS "contrôlée par les organisations syndicales" fait à grande échelle, à la différence que l'impunité ne lui sera pas acquise. Too small not to fail...

Soyez donc très prudents, vous qui comme moi n'avez pu quitter la sinistre SS, dans vos rapports avec les mutuelles : considérez que vous avez en face de vous une organisation qui se croit tout permis, faute de réelle concurrence. Relisez en particulier vos contrats, et vérifiez la base de remboursement. D'après mes lecteurs assidus, les mutuelles ne se gênent pas pour changer les conditions sans vous prévenir.

Il y a deux types de bases de remboursement : l'une calée sur le tarif de convention (TC), l'autre sur le remboursement SS proprement dit ("BRSS" : base de remboursement Sécurité sociale"). La base TC est plus favorable, car elle vous rembourse même si votre praticien n'est pas conventionné. Avec la BRSS, les remboursements des prestations non conventionnées deviennent ridicules, car elles se calent sur le remboursement SS au "tarif d'autorité" (quelques euros, voire quelques centimes d'euros dans tous les cas quelle que soit la dépense). Un de mes lecteurs a eu récemment la surprise de constater que sa mutuelle adoptait la BRSS dans ses remboursements, alors que son contrat ne mentionne que le TC. Il s'en est rendu compte après que sa dentiste se soit déconventionnée (sans le prévenir). C'est donc une violation flagrante des conditions du contrat. La mutuelle contrevient à sa raison d'être en devenant une association de bandits qui défend d'abord ses intérêts alors qu'elle n'est censée connaître que ceux de ses adhérents.

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